mercredi 8 septembre 2010

Scénario : Épisode 4 - Le chien aboie

Préface : un épisode un peu plus compliqué que les autres, car le comique provient aussi beaucoup des gestuels et des mimiques. L'introduction doit donc être joué très surexcitée, et la scène de "casse" doit être rythmée par le ton sans faille de Tibotine, l'admiration et les fous rires de Dickie et l'air pédant de Pierre-Antoine qui passe d'excessif à démasqué, puis de calculateur (avec le badge) à complétement ridiculisé.


Dickie, accourant vers Tibotine : Tibotine !! Au secours aide-moi !

Tibotine : Qu’est-ce qui se passe ?

Dickie : Le portrait ! J’ai complètement oublié qu’il était à rendre pour aujourd’hui !

Tibotine, pendant que Dickie sort une feuille : Ma pauvre, c’est fichu, ça sonne dans trente secon…

Dickie, commençant à dessiner : Bouge plus !

Tibotine, bloqué dans une pause idiote, entend la sonnerie sonner.

Tibotine, entre ses dents : Dickie cha craint.

Dickie, dessinant super vite, a cinq crayons dans la bouche et passe de l’un à l’autre désespérément en passant de sa feuille à Tibotine.

Dickie : Mais non, mais non, t’inquiète je…

Soudain, Pierre-Antoine se penche sur le dessin.

Pierre-Antoine : C’est moche.

Dickie, s’arrêtant de dessiner : Pardon ?

Pierre-Antoine, méprisant : Cette croûte ne vaut pas un sou sale pauvre. J’ai honte d’être dans la même institution que des boueuses de ton espèce.

Dickie : Ça va pas être possible…

Générique.

Dickie : Ben mon vieux, t’as les chevilles tellement enflées, le matin pour enfiler tes pompes il doit falloir les accrocher à un ULM, heureusement que papa a les moyens.

Pierre-Antoine, sortant une toile : Ah cuistre ! tu ne sais donc pas que tu t’adresses au maître Pierre Antoine de la Feuillère ! Admire donc mes œuvres et compare-les aux tiennes, cela vaut bien une leçon !

Dickie : Ah tu veux jouer à ça ? Eh bien sache que mon dessin ne…

Tibotine : Que son dessin n’est pas un plagiat honteux de quelques tableaux du musée du Louvre !

Pierre-Antoine : Qu’oses-tu insinuer ?

Tibotine : Évidemment, ils ne sont pas facile à reconnaître tant le trait est mauvais, mais en plissant les yeux, on peut finir par distinguer le visage de la Joconde de De Vinci, lui est un des noceurs de Cana de Véronèse, quant à elle c’est un barbouillis médiocre de la Grande Odalisque d’Ingrès.

Dickie, éberluée : Quoi ? Attends, d’où tu…

Pierre-Antoine : Ah ! Pauvre gueuse ! En ce cas, explique-moi d’où vient ce magnifique trait cubique ?

Tibotine : De mon *bip*.

(ce n'est pas elle qui dit "bip" hein, il faudra le rajouter en post-prod)

Pierre-Antoine : Oh !

Tibotine : Ce n’est rien d’autre qu’un délire pathétique d’adolescent narcissique qui en aurait fait vomir Georges Braque et pleurer Picasso. C’est à cause de ce genre d’œuvres prétentieuses et sans profondeur qu’on rejette tant l’art moderne.

Dickie est morte de rire.

Tibotine : C’est facile de se payer un trip d’artiste maudit quand papa nous donne tout l’argent qu’on veut pour peindre sur d’immenses toiles tout l’étendu de sa superficialité et de son amour de soi.

Pierre-Antoine, touché en plein cœur : Ah ! Ah ouais ! Eh bien détrompe-toi ! Il m’arrive aussi d’étendre mon art à des créations plus modestes comme [en le sortant] ce petit badge de carton peint sobrement à la main !

Pierre-Antoine affiche un sourire du genre « vas-y tombe dans mon piège », sourire vite brisé par Tibotine.

Tibotine : Tu espères quoi ? Que je dise « ah oui effectivement » puis te gausser en me révélant que "c’est bien la preuve que je n’y connais rien car c’est mauvais" ? N’importe quel crétin verrait que ça n’est pas de toi.

Dickie : Ah bon ?

Tibotine : Je ne sais pas qui te l’a donné, mais le trait est vingt fois plus souple que le tien, et, ô miracle, on arrive à voir ce que ça représente, ce qui est tout de même le minimum pour quelqu'un ayant la prétention de savoir dessiner. [elle lui prend] Il faut que tu comprennes quelque chose fils de bourge, t'es tellement excessif, le seul talent que tu as, c’est celui de te détruire tout seul. Maintenant laisse-nous passer, il faut qu’on aille en cours.

Tibotine fait suivre à Dickie de la suivre, et elles partent toutes les deux en laissant là Pierre-Antoine.

Dickie, dans le couloir, admirative : Mais… mais Tibotine, d’où tu sors tout ça ?!

Tibotine, le badge de carton en main : Eh, chacun ses p’tits talents ! Le tout est de savoir quand les mettre à exécution !

Corps de Pierre-Antoine inerte à coté de boîtes de médicaments vidées.

Générique de fin.

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